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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/127

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était placé. Il s’était attaché à M. et à Mme Garnier ; sa présence adoucissait le chagrin que leur avait laissé la perte d’un fils unique. Ils s’habituèrent à voir en lui moins un pensionnaire qu’un membre de la famille. Le goût de l’étude revint à Démon, sa santé se raffermit. Il suivait comme externe libre les cours du collège Saint-Louis ; le soir, il travaillait sous la direction de M. Garnier. Le dimanche, dans la belle saison, on faisait une excursion aux environs de Paris ; en hiver, on allait au théâtre ou au concert. Démon était heureux ; ses lettres à sa famille se ressentaient de la sérénité de son esprit ; toujours affectueuses, elles étaient quelquefois enjouées. Mais c’était surtout avec Pélasge et Mamrie qu’il s’épanchait. Le temps ne diminuait aucunement l’affection qu’il avait pour eux. Il écrivait à Mamrie en créole ; elle lui répondait de la même manière. Les lettres de Mamrie faisaient l’admiration de M. et de Mme Garnier ; ils les montraient aux amis de la famille, Démon les traduisait. M. Garnier en fit publier plusieurs dans un journal de philologie, avec des commentaires sur la langue créole par Pélasge. Mamrie occupa l’attention d’un certain nombre de lettrés, ce qui la faisait rire de bien bon cœur.


CHAPITRE XXV

Comment M. de Lauzun s’empare d’un secret



Mamrie, dans une de ses lettres à Démon, racontait la rentrée de Titia. Un matin, de bonne heure, un indien et une indienne de la petite tribu campée dans le voisinage