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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/146

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Ma vie a été un long voyage ; j’éprouve un immense besoin de repos. Le sommeil me gagne. La mort est douce. Adieu, Monsieur Pélasge.”

CHAPITRE XXXI

La Guerre



À peine les feuilles jaunies du Sachem, détachées par l’hiver, avaient-elles couvert la fosse de Vieumaite, que le canon du fort Sumter inaugurait cette lutte fratricide qui devait durer quatre ans. M. Héhé et Mlle Pulchérie se signalèrent parmi les séparatistes les plus ardents. Pour eux l’issue de la guerre n’était pas douteuse ; dans leur conviction un homme du Sud, habitué dès l’enfance à l’usage des armes, valait dix hommes du Nord, et l’affaire serait réglée en trois mois. Les fils et les gendres de Saint-Ybars s’engagèrent tous. De ces neuf braves, dont six étaient mariés, trois seulement devaient revenir.

Quand les Fédéraux s’emparèrent de la Louisiane, Saint-Ybars fut mis en demeure de se prononcer pour ou contre les États-Unis. Il répondit fièrement qu’il était l’ennemi d’une Union imposée par la force. Sous prétexte qu’il correspondait avec les Confédérés, on l’arrêta. Conduit devant le général Butler, il eut à subir une kyrielle de questions plus dérisoires les unes que les autres ; après quoi, on l’envoya au fort Lafayette, où il mourut épuisé de souffrances physiques et morales. Sa demeure princière fut