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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/202

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ton idée de laisser ton adversaire tirer le premier. Il y a dans tous ses mouvements une sûreté et une précision, qui prouvent qu’il se possède on ne peut mieux. Crois-moi, méfie-toi.

« Ah ! bah ! laisse donc, répondit M. des Assins ; je te le répète, il va se dépêcher de tirer, comme un novice qu’il est ; il me manquera, et alors moi…Sois tranquille, je connais mon affaire. »

M. de Lauzun avait attaché son cheval à l’écart ; il s’approcha de M. Héhé qui ne paraissait pas à son aise.

« Qu’avez-vous donc ? demanda-t-il ; vous avez l’air tout chiffonné.

« Je suis inquiet, répondit M. Héhé.

« Le fait est, remarqua M. de Lauzun, qu’il y a de quoi s’inquiéter pour le dernier des Saint-Ybars ; quand on a des Assins en face de soi, dans un duel, on est un homme mort.

« Ce n’est pas pour Démon que je suis inquiet, reprit M. Héhé ; c’est pour moi-même. Il peut sortir sain et sauf de ce mauvais pas, quoi que vous en disiez ; on a vu des choses plus extraordinaires que cela. S’il vient à savoir que c’est moi qui ai montré la lettre à Mlle Pulchérie, me voilà dans une belle position. Sapristi ! je regrette bien que vous ayez eu la malencontreuse idée de me communiquer cette lettre.

« Ne craignez donc rien, dit M. de Lauzun ; vous allez voir comme des Assins va percer le coffre au dernier rejeton de l’illustre famille des Saint-Ybars. »

On avait fini de charger. M. Héhé souhaita, du plus profond de son cœur, que le fusil de M. des Assins réalisât la prophétie du duc de Lauzun.

Comme doyen d’âge, Pélasge fut désigné pour commander le feu.

Un des témoins de M. des Assins lui porta son fusil. Démon reçut le sien des mains de Pélasge, qui lui dit :

« Démon, mon enfant, profitez de vos avantages. La jactance de votre ennemi lui fait commettre une faute énorme. Sa chemise entre son chapeau et son pantalon noir, est