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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/203

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une véritable cible qui attend votre balle. Mettez-vous un peu plus à droite. Regardez par-dessus mon épaule, sans en avoir l’air : voyez-vous, entre votre homme et vous, cette plante desséchée de l’année dernière !

« Oui.

« Prenez-la pour point de mire. Vous comprenez, n’est-ce pas ?

« Oh ! parfaitement. Si je tire le premier, ce des Assins ne tuera plus personne.

« Au revoir, Démon.

« Au revoir, ami Pélasge. »

Pélasge serra la main de Démon, et alla se mettre à son poste, au bord de l’avenue, à égale distance des combattants.

« Messieurs, dit-il aux assistants, effacez-vous. »

On se rangea des deux côtés, à une quinzaine de pas de la ligne allant de l’un à l’autre combattant.

M. des Assins rabattit le bord de son chapeau, pour garantir ses yeux du soleil, et aussitôt il se mit à balancer son fusil comme il avait dit à ses amis qu’il ferait. Ces deux canons qui montaient et descendaient en face de Démon, montrant leurs bouches noires, avaient une mine effroyablement menaçante. Mais Démon ne s’en préoccupa nullement. Les yeux fixés sur la petite tige morte, il attendait, immobile comme un roc.

Pélasge commença d’une voix forte et claire :

« Messieurs les combattants, êtes-vous prêts ? »

Il y eut un silence ; on n’entendait que les chevaux qui frappaient la terre de leurs sabots, tourmentés qu’ils étaient par les mouches.

Pélasge continua :

« Feu ! un, deux, trois… »

« Au mot feu Démon épaula ; entre deux et trois il tira.

M. des Assins frissonna de la tête aux pieds, comme une personne qui reçoit le choc d’une batterie électrique. Démon était sûr de l’avoir touché ; aussi, fut-il étonné de ne pas le voir tomber.

M. des Assins avait reçu, en pleine poitrine, la balle de