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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/214

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résultant d’une acceptation raisonnée de la vie considérée comme un combat contre le mal physique et moral. Laissant de côté toutes les chimères de la métaphysique, il voyait dans l’homme une force organisée pour la lutte ; il croyait énergiquement au libre arbitre ; il était convaincu que l’Humanité parviendrait un jour à se débarrasser des idées fausses auxquelles elle doit une partie de ses maux, pour s’arranger enfin de son mieux sur la planète qu’elle habite. Depuis la mort de Chant-d’Oisel, Pélasge s’attachait davantage à l’étude ; il cherchait et trouvait, dans le culte de la science, le silence du cœur et la sérénité de l’esprit. Dans les hautes et calmes régions où il se tenait, il négligeait de prendre garde aux effets de la passion chez les autres. Il voyait bien que Démon était affligé ; mais il était loin de soupçonner qu’il fût susceptible, après avoir montré tant de courage dans un duel, de s’abandonner au désespoir. Il le plaignait sincèrement, et comptait sur le temps pour le guérir de la plaie faite à son cœur. Il savait bien qu’il y a des blessures dont on meurt, mais il ne se doutait pas que celle de Démon fût de cette nature.


CHAPITRE XLVII

Tragédie



Vers la fin de la semaine, la tante de Démon lui annonça qu’elle partait le lendemain, et qu’elle emmenait Blanchette.

« C’est bien, ma tante, » répondit-il.

Et il n’ajouta pas un mot.