Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/31

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Saint-Ybars laissa Pélasge avec son père. Le vieillard engagea la conversation, en opposant à son interlocuteur le côté de l’ombre. Pélasge ne tarda pas à comprendre que le grand-père de Démon, en lui fournissant avec courtoisie l’occasion de prendre la parole, le sondait ; acceptant l’épreuve sans crainte comme sans ostentation, il parcourut rapidement la gamme des connaissances humaines ; il passa de l’histoire à la philosophie, et de celle-ci aux sciences ; puis, remontant dans le passé, il prit la poésie à sa source dans Homère, et la suivit à travers les âges dans Virgile, Dante, Milton, Byron, Lamartine et Hugo. Il dessina, en quelques traits, les antiques poèmes de l’Inde et de la Judée. À mesure qu’il parlait, la tête de l’octogénaire pivotait insensiblement sur son cou ; peu à peu le côté de l’ombre s’effaça, le côté du soleil parut. Étonné de la science et de l’érudition du jeune professeur, Vieumaite éprouvait une joie mêlée d’admiration en l’entendant parler, dans un langage simple mais chaud d’enthousiasme, des choses que lui-même il aimait avec passion.

Quand la seconde cloche du dîner retentit, Pélasge avait entièrement fait la conquête du vieux Saint-Ybars.


CHAPITRE IV

La Famille à table.


La salle à manger était au rez-de-chaussée. Elle formait un rectangle dont chaque grand côté était éclairé par cinq portes vitrées, celle du milieu étant cintrée et plus large que les autres ; elles donnaient sur les galeries. Un des petits côtés avait trois portes vitrées ; l’autre deux