Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/32

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séparées par une cheminée ; elles conduisaient à l’office, aux caves et à différentes pièces se rapportant au service de la table.

Quand Vieumaite entra dans la salle à manger, appuyé sur le bras que Pélasge lui avait offert avec un respect filial, le premier service était sur la table, et tous les convives attendaient, debout, le vénéré chef de la famille. Il y avait vingt-quatre couverts. Vieumaite présenta le nouveau professeur aux personnes qui ne l’avaient pas encore vu, et s’assit. Après lui Saint-Ybars s’assit ; puis, chacun prit sa place. Trois sièges étaient inoccupés ; l’un était celui de Démon, les deux autres étaient réservés aux hôtes que le hasard pouvait amener. La chaise restée vide à côté de Pélasge, était celle de son futur élève. Les deux bouts de la longue table étaient occupés, l’un par Saint-Ybars, sa fille aînée et son mari, Chant-d’Oisel et Mlle Nogolka ; l’autre par Vieumaite, une de ses petites-filles et son mari, et Pélasge. Mme Saint-Ybars avait sa place au milieu de la rangée, à la droite de son mari ; Mlle Pulchérie était vis-à-vis d’elle.

Quatre jeunes nègres, une mulâtresse et trois quarteronnes se tenaient autour de la table, attentifs à leur besogne. A l’un des coins de la salle, un nègre du plus beau noir, à physionomie intelligente, se tenait debout près d’une table en chêne massif ; il remplissait les doubles fonctions de maître d’hôtel et d’écuyer tranchant.

Au-dessus des convives, deux éventails suspendus au plafond étaient mis en mouvement par deux négrillons de quatorze à quinze ans.

Sur un signe du maître d’hôtel, les soupières posées sur la table lui furent apportées. Dans un temps très court, vingt et une assiettes pleines d’un excellent potage étaient placées devant les convives, et le dîner commençait. La conversation s’étant engagée sur des questions particulières au pays, Pélasge resta discrètement silencieux ; ce qui lui permit de faire connaissance avec tous les visages de la famille. Il regardait et réfléchissait, évitant avec soin de prendre les airs d’un philosophe ou d’un