Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/121

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& je n’en protégerai pas moins, jusqu’au dernier soupir, ceux dont je suis obligé de me séparer.[1]

Sulli.

Agissez & marchez toujours sous l’œil de Dieu, c’est assez pour ne plus craindre les hommes.

Henri.

Oui, je me remets tout entier à la Providence. (Après un silence.) J’ai besoin, pour

  1. Henri IV donna le fameux édit de Nantes, révoqué par la dure intolérance de Louis XIV. L’état des protestans étoit fixe en France ; ils étoient satisfaits & tranquilles, & cet édit étoit tout-à-la-fois l’ouvrage de sa sagesse, de sa reconnoissance, de son attachement & de sa tolérance ; pourquoi faut-il que le fanatisme le plus aveugle ait détruit ce monument de concorde ? La plaie profonde faite à la patrie, n’est pas encore fermée de nos jours : eh, quelle est donc la malheureuse constitution de notre gouvernement, qu’un seul homme trompé ou orgueilleux puisse faire à la patrie des maux si longs & presqu’irréparables ! Comment une volonté erronée & barbare regne-t-elle encore follement après lui, quand il est descendu au tombeau, chargé des reproches de la saine partie de la nation ?