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Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/126

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Dame : faites charger deux bateaux de farine, que vous conduirez dans la ville. En voici l’ordre écrit & signé de ma main, dont vous ne vous servirez qu’au besoin… Si vous aviez entendu ce qu’on m’a dit de leur misere ! Je vous connois, mon ami ; votre cœur en saigneroit… J’ai été plus d’une fois tenté de lever le siege ; & je ne réponds point, si je ne finis pas bientôt avec Brissac, que je ne décampe. J’aime mieux ne jamais régner que d’obtenir un trône qui coûteroit si cher à mon cœur.

Biron.

Sire, je ne puis qu’approuver ces sentiments si rares dans un roi ; mais cependant que votre majesté considere que les deux bateaux de farine qu’elle m’ordonne de faire entrer produiront un effet dangereux pour ses intérêts & pour la ville même. Les assiégés vont croire que ces vivres leur arrivent d’une main amie ; que c’est un bienfait des Espagnols ; qu’il leur en arrivera de plus considérables. Les ligueurs en profiteront pour