Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/36

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plus fortes ; & chaque homme en place dans cette anarchie tumultueuse, ne suivant que des intérêts petits & sordides, parut méconnoître ou plutôt mépriser l’intérêt général.

Qu’arriva-t-il ? le déspotisme de Richelieu, contre la nature éternelle des choses, sortit du sein de ces guerres civiles ; il en sortit pour punir ce même peuple qui avoit eu le courage de s’armer, de mourir, & qui en combattant valeureusement pour des opinions stériles, n’avoit pas su composer un raisonnement utile.[1] Vingt-deux années après, Richelieu devoit régner ; ce Richelieu qui brisa la tête de ces mêmes grands qui s’étoient vendus, eux & leur postérité. Ce cardinal,

  1. Richelieu ne sut que sacrifier. Henri IV ou un autre grand homme auroit fait subsister ensemble les deux religions, en permettant à une troisieme & à plusieurs de s’établir. Mais Richelieu calcula quelle moitié de l’état il écraseroit, pour la subordonner à l’autre ; & l’ascendant de son cruel caractère fut pris pour du génie : génie funeste, qui ne sut qu’opter entre les attentats.