Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/42

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les catholiques, frappés bientôt de son héroïque constance, auroient eu un respect qu’ils n’eurent pas ; car ils attribuerent à l’intérêt le changement de Henri IV. Cet intérêt étoit trop fort en effet, pour qu’il ne laissât pas dans les esprits quelques doutes sur la sincérité de cette conversion. Ajoutons que ce prince vaillant auroit pu rendre par sa fermeté un éternel service à la France, en l’affranchissant du joug de Rome ; joug qu’il pouvoit briser avec l’épée de la victoire ; joug méprisable & non moins funeste, qui depuis alluma dans ce royaume tant de querelles absurdes & théologiques, l’opprobre de la raison, & la cause des plus longues & des plus inconcevables fureurs. La révocation de l’édit de Nantes, dont les fatales suites sont inappréciables, la persécution des réformés, les débats du jansénisme & du molinisme prolongés jusqu’à nos jours ; ces erreurs pitoyables & cruelles font gémir sur la nation Françoise qui, avilie & perdue dans ces questions ridicules, parut oublier tout le reste à la face de l’Europe qui n’est point encore revenue de son long étonnement. La