Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

religion protestante, étouffant dans l’origine ces guerres honteuses & déshonorantes, auroit conduit le royaume à un degré de liberté, de population & de force qui a passé chez nos voisins, devenus puissans par nos méprises.

On a beaucoup loué Henri IV, & l’admiration a été jusqu’à l’idolâtrie ; mais cette idolâtrie, née seulement depuis un demi-siecle, étoit fille du ressentiment qui vouloit créer une forte opposition avec le caractere des rois vivans. Il est toujours bon à une nation d’établir un fantôme qu’elle pare de toutes les vertus qu’elle voudroit inspirer à ses monarques ; c’est une convention adroite, utile & dès lors respectable. D’ailleurs, ce modele de la royauté sert de satire indirecte pour toutes malversations ; & les éloges publics, prodigués au roi défunt, deviennent de véritables leçons qui peuvent toucher l’esprit distrait des monarques & leur faire comprendre le vœu général. Gardons-nous donc d’affoiblir une opinion faite pour en imposer à ses successeurs & leur donner le seul frein