Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/24

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pes, et se frottaient les mains de joie. Les perfides ! s’ils avaient pu établir une disette universelle d’argent et de subsistance, ils l’eussent fait avec allégresse ; mais ce fut leur plan homicide, cette grande conspiration chaque jour renforcée, qui donna à la commune de Paris ce mouvement irrésistible qui a décidé la Révolution.

Rien de plus réel, de mieux prouvé, de plus constant que la conspiration de la cour, et à compter de ce jour il ne peut y avoir de paix entre les Royalistes et des Républicains ; et quand le nombre des Républicains serait plus circonscrit que jamais, les Républicains n’en seront pas moins vainqueurs.


EXPLOSION



C’est Paris qui a fait la Révolution, et c’est Paris qui l’a gâtée ; je dois l’envisager sous ce double rapport.

De toutes les révolutions, la nôtre fut la plus juste, la plus légitime, la plus impérieusement commandée par toutes les circonstances. Il fallait tuer la cour de Versailles, pour qu’elle ne nous tuât point.

La Révolution s’est faite parce qu’elle devait se faire, parce que la capitale était menacée par les satellites de la cour. L’immense population de la grande cité a réagi, et bien à temps ; ce fut le coup de queue de la baleine qui renverse l’esquif du harponneur.

Paris allait être livré à toutes les horreurs d’une ville prise d’assaut ; tout était trahison, perfidie du côté de la cour. On n’avait voulu les états-généraux que pour rétablir les finances, payer les dettes qu’elle avait occasionnées, et recommencer le lendemain sur de nouveaux frais. On s’était servi de Necker ; et celui-ci quoique placé bien près du mouvement, n’en pressentit point l’explosion. C’est qu’elle n’aurait pas eu lieu, si la cour n’eût pas médité et