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Page:Mercier - Mon dictionnaire.pdf/10

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ABOABR

mépris ; mais enfin il s’enrichit à ce vil métier.

ABONDANCE. Le commerce est la source féconde qui apporte l’Abondance dans un État, et la répand sur tous les sujets à proportion de leur industrie et de leur travail. Le prophète Isaïe, parlant de la ville de Tyr, dit : « Elle est par son commerce la reine de la mer ; ses négocians sont les princes, et ses correspondans les grands de la terre. »

Commerce ! art bienfaisant, ta vigilance habile
Répare les refus d’un terre stérile,
La Nature, asservie aux caprices du tems,
Est bizarre en ses dons ; tes secours sont constans ;
Venise fut long-tems ton trône et ton école ;
La Tamise par toi semble un autre pactole,
Et le Batave heureux voit par tes seuls bienfaits
L’abondance étrangère habiter ses marais.

ABONNATAIRES. Celui qui n’est pas encore abonné. Le premier et très-piquant numéro de ce journal est fait pour plaire singulièrement aux Abonnataires, et pour les transformer sur-le-champ en abonnés.

ABORENER. Dédaigner fortement. Aborener un mari jaloux, un envieux de profession, un critique insolent.

ABORIGÈNES. Branches superflues qui poussent au tronc des arbres. Ne pourrait-on pas, par métaphore, dire de quelques ouvrages systématiques, divisés par chapitres, qu’il y en quelques-uns qui sont Aborigènes ? Ramos compesce fluentes.

ABORTIF. Fruit Abortif, avorté. L’homme à talent ; mais qui n’a point acquis sa perfection est un Abortif.

Abortif. La douleur qui la frappa dans sa grossesse fut si vive, qu’elle faillit faire un Abortif.

ABOTI. Caché. Heureux qui s’est Aboti pendant le régime de la terreur.

ABOUCHER. Aboucher quelqu’un, l’entretenir de quelque chose, lui parler en particulier.

ABOYER. Des insectes en littératures, des feuillistes viendront Aboyer le drame, et Voltaire ne le dédaignait pas. Voici un mot de ce grand homme à son ami : c’était à Fernei ; on parlait du succès de la reprise du Père de Famille. Je n’en suis pas surpris, dit Voltaire ; les gens sensés, après avoir été à l’armée, à la cour, au jeu, ne sont pas fâchés de rentrer chez eux pour s’y occuper sérieusement de leurs affaires. Voilà le mot ! tel est le sentiment que j’ai toujours eu sur le drame, que c’était le spectacle de la raison, de l’utilité présente et des gens raisonnables. C’est comme si le grand homme avait dit, après avoir vu la tragédie boursoufflée, idéale ; après avoir vu la comédie fourbe, intrigante : L’homme fait est bien aise de voir le spectacle de la vie commune, et d’en tirer des instructions. (Rétif.)

ABRÉGEMENT. Il n’est plus permis aujourd’hui, lorsqu’on écrit l’histoire, que de la traiter Abrége-