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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/125

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sion, & méprisent souverainement celle d’autrui, comme absurde ou inutile.

C’est un spectacle assez plaisant que de voir, dans la même anti-chambre, un maître d’échecs & de trictrac, & un maître d’histoire, attendre vis-à-vis l’un de l’autre le réveil de M. le marquis. Entrés dans son cabinet, l’un parle de Cyrus & d’Hérodote, tandis que l’autre arrange avec un peu d’impatience les pions sur le damier. Le musicien qui doit leur succéder, fait crier le violon, qu’il accorde sur le perron de l’escalier. Le valet-de-chambre qui sourit, sait mieux qu’eux tous que M. le marquis n’apprendra rien de tout ce qu’on lui enseignera, si l’on excepte la marche des jeux & le menuet passablement.

Mais un sot opulent, qui a quinze louis à dépenser par mois, croit bonnement que son fils va posséder la musique, le blason, la danse, le dessin, l’anglois & les mathématiques à tant la leçon. Il a envoyé chercher des maîtres qui sont accourus avec leurs cachets ; on les