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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/137

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du mouvement ; on aime à suivre tous ces caracteres mélangés. Et pourquoi ne lirois-je pas avec transport ce que de beaux esprits paresseux, uniquement occupés de mots, refusent de lire ? Faut-il que je ne prenne du plaisir que d’après leurs décisions ? Arrangeurs de mots, que m’importe vos futiles hémistiches ? Si ma physionomie est différente d’un autre homme, pourquoi mon goût ne le seroit-il pas ? Et pourquoi ne pas donner à la librairie le droit de satisfaire tous les goûts ? Or c’est un attentat aux plaisirs d’une nation vive, naturellement curieuse & gaie, de borner l’imprimerie, en gênant les presses, en créant des censeurs absurdes, en établissant des entraves, en retardant la publication des écrits.

Mais le projet est formé, à ce qu’il paroît, d’étouffer les écrivains de la capitale ; parce que, selon l’expression nouvellement accréditée, ce sont des réverberes qui éclairent trop les prévarications & le caractere des hommes en place.