Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 267 )

ou leurs tantes, ou leurs cousines vont tous les lundis à une espece de foire, dite du Saint-Esprit, & qui se tient à la place de Greve. Il n’y a pas d’exécution ce jour-là ; elles y étalent tout ce qui concerne l’habillement des femmes & des enfans.

Les petites bourgeoises, les procureuses, ou les femmes excessivement économes y vont acheter bonnets, robes, casaquins, draps, & jusqu’à des souliers tout faits. Les mouchards y attendent les escrocs, qui arrivent pour y vendre des mouchoirs, des serviettes & autres effets volés. On les y pince, ainsi que ceux qui s’avisent d’y filouter. Il paroît que le lieu ne leur inspire pas de sages réflexions.

On diroit que cette foire est la défroque féminine d’une province entiere, ou la dépouille d’un peuple d’Amazones. Des jupes, des bouffantes, des déshabillés sont épars, & forment des tas où l’on peut choisir. Ici, c’est la robe de la présidente défunte, que la procureuse achete : là, la grisette se coëffe