Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 119 )

comonades Veneris templum & voluptatum sedes occupat ; ibi amoris sagitta mortiferæ & venenatæ ; ibi exercentur artes damnosæ seu saltem vanæ & prorsus inutiles ; ibi moventur lites & jurgia ; ibi justitia ipsa gladium pro miseris tenet ; ibi miseros agricolas excoriant & procurator & publicanus, nec missura cutem, nisi plena cruoris, hirundo ; ibi fastus & opes dominantur ; ibi virtus laudatur & alget, dum vitia coronantur. Unde proverbium frequens & solemne : omne malum ab urbe.

On peut évaluer à près de cinquante millions par an, l’argent qu’on prodigue aux filles publiques, en les comprenant toutes sous cette dénomination. L’article des aumônes ne va guere qu’à trois millions ; disproportion qui donne à réfléchir. Cet argent va aux marchandes de modes, aux bijoutiers, aux loueurs de carrosses, aux traiteurs, aux aubergistes, aux hôtels garnis, &c. Et ce qui inspire un profond effroi, c’est que si la prostitution venoit à cesser tout-à-coup, vingt mille filles