Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 121 )

une énorme distance entre des femmes qui n’ont que le même but.

Depuis l’altiere Laïs qui vole à Long-Champ dans un brillant équipage (que sans sa présence licencieuse on attribueroit à une jeune duchesse), jusqu’à la raccrocheuse qui se morfond le soir au coin d’une borne, quelle hiérarchie dans le même métier ! Que de distinctions, de nuances, de noms divers, & ce pour exprimer néanmoins une seule & même chose ! Cent mille livres par an, ou une piece d’argent ou de monnoie pour un quart d’heure, causent ces dénominations qui ne marquent que les échelles du vice ou de la profonde indigence.

On peut placer les courtisannes entre les femmes décemment entretenues & les filles publiques. Un auteur les a très-bien définies. « On les prendroit, dit-il, pour les femelles des courtisans ; elles ont effectivement tous les mêmes vices, emploient les mêmes ruses & les mêmes moyens, font un métier aussi désagréable, ont autant de