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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/136

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dans les rues ; ce qui leur donne un air si niais & si bête, qu’on est tenté de leur rire au nez, pour leur apprendre à être hommes.

Quand je vois une belle profaner sa bouche en couvrant de baisers un chien qui souvent est laid & hideux, & qui, fût-il beau, ne mérite pas des affections si vives, je trouve ses yeux moins beaux ; ses bras, en recevant cet animal, paroissent avoir moins de graces. J’attache moins de prix à ses caresses ; elle perd à mes yeux une grande partie de sa beauté & de ses agrémens. Quand la mort de son épagneul la met au désespoir, qu’il faut le partager, pleurer avec elle & attendre en silence que le tems amene l’oubli d’un si grand désastre, cette extravagance anéantit ce qui lui reste de charmes.

Jamais une femme ne sera Cartésienne : jamais elle ne consentira à croire que son petit chien n’est ni sensible ni raisonnable quand il la caresse. Elle dévisageroit Descartes en personne, s’il osoit lui tenir un pareil langage ; la seule fidélité de son chien vaut