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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/150

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porent & ne sont pas dus à son ame. C’est ainsi que l’on prétend justifier nos mœurs : mais la patrie, dont on parle, y a tout perdu.

L’amour proprement dit n’est donc plus à Paris, si nous osons l’avouer, qu’un libertinage mitigé, qui ne soumet que nos sens, sans tyranniser la raison ni le devoir : aussi éloigné de la débauche que de la tendresse, décent dans ses vivacités quand il peut l’être, & délicat dans son inconstance, il n’exige point de sacrifice qui nous coûteroit trop cher. Loin de nous armer les uns contre les autres, il ne s’approprie point les momens qui sont consacrés au devoir ; il respecte les nœuds de l’amitié, quelquefois même il les resserre : enfin, il fait passer l’honneur avant tout, & proscrit également toute foiblesse & toute lâcheté.

Le législateur pourroit effacer aujourd’hui de son code les Ioix contre la violence. Nos sociétés n’ont plus de Tarquins à redouter. Le séducteur ne l’est que pour celle qui veut