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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/169

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impétueux, extravague en nous étonnant. Les peuples même les plus sauvages ont créé sans effort ce sublime tant admiré : la rudesse des passions suffit pour l’enfanter.

C’est une nature brute, qui n’a pas besoin de culture. Alors on peint les tableaux communs du lever & du coucher du soleil ; on s’extasie à la vue d’un ciel étoilé ; on se promene à pas lents sur le bord de la mer, & l’on admire ces flots mugissans, qui battent majestueusement ses rives.

On idolâtre le fantôme de la liberté, & l’on a la sottise de combattre & de mourir pour elle. On rejette un riant esclavage qui n’en mérite pas le nom, & qui doit vous créer une foule de plaisirs enchanteurs : état délicieux, où des chaînes d’or & de soie ne vous captivent que pour vous faire parcourir un cercle d’amusemens variés, où l’on vous ôte une force dangereuse, pour vous laisser une foiblesse fortunée. On refuse dans ces tems grossiers d’élever des rois sur sa tête, & l’on se prive stupidement de