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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/170

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l’aspect d’une cour brillante, qui réunit, & les galanteries les plus ingénieuses, & les chefs-d’œuvres heureux des arts & du goût. On vit sans peintres, sans statuaires, sans musiciens, sans coëffeurs, sans cuisiniers, sans confiseurs. Il regne dans les mœurs un courage gigantesque, une vertu sévere & pédante : tout est grand & ennuyeux. Les maisons sont vastes comme des cloîtres ; tous les divertissemens publics & particuliers portent avec eux l’empreinte d’un caractere mâle. Les femmes sont séquestrées de la société, & n’allument le feu de l’amour que dans le cœur de leurs époux. Elles ne se disputent point les hommes ; elles se bornent à donner des citoyens, à les élever, à gouverner un ménage. L’autorité paternelle, l’autorité maritale, noms si judicieusement devenus ridicules parmi nous, jouissent de tous leurs tristes droits. Les mariages sont féconds ; une maniere de vivre uniforme & sérieuse est le caractere dominant de ce peuple, qui ne differe guere des ours.