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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/183

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guerre : soldats, serrez les rangs. Les rangs sont éclaircis à chaque instant par des coups aussi rapides & aussi invisibles que ceux du boulet ; mais la fréquence des trépas répand une sorte d’insensibilité qui des esprits passe sur les fronts.

Un convoi n’est pas une cérémonie triste ; les riches ont un grand luminaire, toute l’argenterie de l’église, une tenture qui ceint les colonnes du temple, un poële richement brodé, un de profundis en faux bourdon : quatre-vingt prêtres en surplis blancs portent des cierges allumés, tandis que toutes les cloches en branle retentissent au loin dans les airs ; on chante posément les vêpres ; un maître des cérémonies guide & place l’assemblée ; un beau goupillon passe dans toutes les mains ; on se range sur une même ligne, on salue & l’on est salué avec presque autant de grace que dans un sallon.

Pour le pauvre, on le congédie avec quelques versets des laudes ou des matines, à la pâle lueur de quatre cierges entamés,