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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/245

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nestes opérations, tant on a soif d’argent, tant on fait peu de cas des mœurs & de la tranquillité des familles !

Ces conquêtes odieuses de l’état sur les citoyens, & des citoyens sur leurs freres, sont-elles dignes de la mere-patrie, & la société devroit-elle immoler ainsi ses enfans, leur tendre des pieges, & appeller d’inévitables désordres, en agitant périodiquement toutes ces roues de fortune ?

On parle de décorer la ville, de bâtir des édifices ; l’aisance & les mœurs en sont le plus bel ornement, disoit Zénon. La Divinité ne manque ni de temples ni d’autels ; mais ce qui doit sur-tout réjouir ses regards, c’est la subsistance aisée & journaliere d’un peuple heureux & content. La prudence en politique est l’œil des autres vertus.

Extrait, ambe, terne, quaterne, quine, mots ci-devant inconnus au peuple, quels désastres ne lui avez-vous pas déjà causés ! Quel argent ne lui avez-vous pas enlevé furtivement ! Helas ! il ignore que cette loterie