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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/272

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vient bâtir un palais devant l’effigie du monarque qu’il a trompé & volé ! Il devroit y entendre le murmure de l’état, les cris plaintifs des soldats qu’il a fait mourir d’inanition : il devroit se réveiller, agité par la frayeur, & voir des spectres menaçans errer autour de lui. Cependant il dort avec sécurité ; des registres signés par des hommes de loi, vendus à ses rapines, ont légitimé ses vols. À l’aide de calculs faux, il paroît innocent : son vil & infame métier l’accrédite pour ainsi dire, & lui donne un rang parmi cette race affamée d’or. Dans ses momens de bonne humeur, il raconte jusqu’à ses exploits meurtriers, & comment, mettant le feu lui-même à des magasins, il a revendu à l’état ce qui lui avoit été payé. Incendiaire & assassin en Allemagne, il en plaisante à Paris.

Et le millionnaire qui médite, invente des plans extendeurs d’impositions ingénieuses & calculées sur la partie indigente du peuple, lorsqu’il a bien dîné, calcule ce qui doit lui