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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/275

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supplice de Damiens ; elles ont été les dernieres à détourner leurs regards de cette horrible scene.

Le petit peuple s’entretient fréquemment de l’exécuteur, dit qu’il a table ouverte pour les pauvres chevaliers de Saint-Louis, & va chercher chez lui de la graisse de pendu ; car il vend les cadavres aux chirurgiens, ou les garde pour lui, à son choix : le criminel ne peut pas se vendre de son vivant, ainsi qu’il fait à Londres.

Rien ne distingue cet homme des autres citoyens, même lorsqu’il exerce ses épouvantables fonctions ; ce qui est très-mal vu. Il est frisé, poudré, galonné, en bas de soie blancs, en escarpins, pour monter au fatal poteau : ce qui me paroît révoltant, puisqu’il devroit porter, en ces momens terribles, l’empreinte d’une loi de mort. Ne saura-t-on jamais parler à l’imagination, & puisqu’il s’agit d’effrayer la multitude, ne connoîtra-t-on jamais l’empire des formes éloquentes ? L’extérieur de cet homme devroit l’annoncer.