Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 50 )

prince du sang, il achete un écu de six livres à un prix exorbitant : de là vient qu’il lui est difficile de sortir de l’abyme où il est plongé, les mains & les pieds lui glissent quand il veut s’élancer au dehors ; car il est bien plus difficile de faire six francs avec cinq sols, que de gagner un million avec dix mille livres.

Oh ! qui ne recule pas l’œil épouvanté, quand il vient à contempler de près la lutte éternelle de la misere & de l’opulence ?

Ces avanceurs ne s’en rapportent pas toujours à leurs courtiers ou agens ; ils sont curieux deux ou trois fois l’année de voir l’assemblée de ces éternels débiteurs qui les enrichissent, & de juger par eux-mêmes de la disposition des esprits & de la manœuvre des subalternes.

Le même homme qui porte un habit d’écarlate, des galons, la canne à pomme d’or, qui ne sort qu’en voiture, qui fait briller à son doigt un riche diamant, qui fréquente les spectacles & voit bonne compagnie, prend certains jours du mois un habit rapé, une