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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/123

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CHAPITRE DCCVI.

Donjon de Vincennes.


Jai foulé d’un pied libre le pont-levis de ce formidable donjon, enfin détruit, comme prison d’état. Les guérites des sentinelles étoient vides ; le pont-levis ne s’est pas levé après moi. J’ai souri à la vue des décombres qui élargissoient les premières issues. Je suis entré dans ces cachots défendus par trois portes doublées de fer. Que d’idées se sont emparées de mon ame à l’aspect de ces verroux, de ces serrures, de ces lits de fer où des restes de chaînes pendoient encore ! Je pénétrois par-tout, comme si un dieu invisible en eût précipitamment chassé les détestables gardiens.

J’ai visité ce donjon, & je n’étois pas prisonnier ; je donnois le bras à une jolie femme. Là, j’ai fait le despote ; je me suis