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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/124

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plu à l’enfermer, malgré ses plaintes, sous les triples portes dont les verroux étoient plus gros que ses bras mignons ; & sa voix suppliante m’a demandé grace pendant six minutes, à travers les énormes serrures. En levant la lettre de cachet, je reçus d’elle un vrai baiser pour prix de ma clémence. Mais bientôt plus de joie, car l’effroi nous saisissoit par degrés ; & en parcourant ces cachots, je criois involontairement : Répondez, murailles, rapportez à mon oreille les gémissemens dont vous avez été témoins. Que d’angoisses ! l’ennui, le désespoir ont habité ces lieux. Et pourquoi donc ces portes bardées de fer ? Enfermiez-vous des hommes, des géans capables de les briser ? Oh ! si un geolier négligent avoit oublié de les ouvrir, infortunés captifs ! ces cachots seroient devenus pour vous le cachot muré d’Ugolin.

Ces sinistres réflexions détruisoient l’empire de la beauté ; & l’impression de la douleur ôtoit à la bouche de celle que je conduisis le charme inexprimable de son sourire ; elle me serroit la main en tremblant, comme