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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/305

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qui imitent quelquefois des voix humaines ? Comment, dans certains mois, n’entend-on du matin au soir que cette horrible musique, tandis qu’ils échangent entr’eux le sang de l’animal, dont ils forment, tout fumant encore, de mauvais boudins, détestablement assaisonnés ?

Ces supplices & ces douleurs frappent plus dans une petite ville que dans une grande. On dit où qu’à Neufchâtel en Suisse chaque habitant mange son porc tous les jours, tant ces tueries sont multipliées dans une certaine saison. Dans la ville de Strasbourg, au contraire, jamais vous n’entendez les gémissemens d’un animal ; jamais vous ne voyez couler une goutte de sang : l’habillement des bouchers n’offre pas une seule tache, & vous traversez les boucheries sans que l’odorat soit blessé.

J’ai remarqué, dans mes voyages, que quand le corps municipal n’avoit pas trop perdu de son autorité, la police embrassoit des détails utiles ; & j’ai vu le contraire lorsque le régime politique étoit différent !