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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/306

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Quatre-vingt-douze mille bœufs, vingt-quatre mille vaches, cinq cents mille moutons, voilà la consommation annuelle de la capitale. Calculez le nombre que cela fait au bout de cent ans. Joignez-y vingt-deux mille dépouilles mortelles, pour les cimetières, & voyez si cette terre est engraissée, & comme elle doit abonder un jour en terre calcaire, produit égal, hélas ! des ossemens humains & des ossemens d’animaux.

Les charcutiers, bouchers du second ordre, dont la hache & le couteau ne s’exercent que sur les malheureux compagnons d’Ulysse, avoient aussi jadis la louable habitude d’égorger leurs victime, & de les brûler devant leurs portes. Si le sang réservé pour les boudins n’inondoit pas les ruisseaux, en revanche ils étoient en possession d’enfumer tout le voisinage avec la paille destinée à leurs fréquens autodafés. Enfin, en la considération de quelques particuliers qui se sont plaints, & à l’instigation de quelques autres qui y trouvent leur intérêt, les cochons n’ont pas été assommés, égorgés,