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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/319

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immondes cloaques, où l’air est si rare, qu’on croit être sous le bocal de la machine pneumatique. Un homme très-robuste peut gagner trois livres par jour dès son entrée à la manufacture ; mais aussi cet homme perd en moins de six mois la moitié de ses forces, & puis sa santé dépérit par degré, tant par la fatigue d’un travail qui absorbe & qui tue, que par l’insalubrité de l’air. Lorsqu’un ouvrier a le malheur de casser sa glace, on équarrit les morceaux, & on lui retient sur sa paie le surplus de sa valeur. Ô calcul impitoyable ! eh ! qui compte ainsi ? Ceux qui font une immense fortune sur ce labeur écrasant.

Il ne se passe point de semaine ou de mois sans qu’on apprenne qu’un homme s’est blessé, soit en tombant avec sa glace, soit en la polissant. Quelles plaies ! elles effroient la chirurgie. On se sert du diamant pour équarrir les glaces, & cette opération exige beaucoup de dextérité.

Outre Saint-Gobain, la vorace manufacture possède encore deux établissemens ; l’un à