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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/342

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Dès que le charretier jureur a donné le premier coup de fouet, toutes les têtes, féminines balotent ; les bonnets se dérangent, les fichus aussi ; c’est le moment des petites licences ; & les gros mots du charretier semblent préluder au ton du jour.

Si la charrette ainsi chargée rencontre un équipage, pour peu qu’il la heurte, toutes les petites demoiselles pirouettent ; elles crient d’effroi, tandis que les vieilles font la grimace ; mais quand l’essieu casse, comme toute la compagnie est assise sur des chaises mobiles, ces chaises augmentent le désordre en soulevant les petites jupes bourgeoises ; il n’y a point là de paneaux pour voiler les accidens de la chûte ; c’est une clameur perçante au milieu des risées des spectateurs. Le charretier ne songe qu’à son rossin tombé, tandis que le gauche cousin ne sait s’il débarrassera sa cousine ou sa tante. C’est à travers deux cents chocs des plus rudes & autant de contre-coups, que la vieille charrette rend enfin à Saint-Cloud la petite bourgeoisie cahotée, qui