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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/350

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genre que nos auteurs ont rendu absolument faux, factice, & digne à la lettre de la risée du philosophe.

Il n’y a plus qu’un côté de la tragédie française qui puisse intéresser l’homme qui ne sort pas du collége ; c’est-là qu’un parterre s’électrise en un clin-d’œil, & crée des allusions relatives aux circonstances publiques. Il y met une malice fixe & profonde ; rien ne lui échappe ; tout prête à l’interprétation. C’est ainsi que le public se venge dans certaines occasions ; il n’écoute plus les vers que pour saisir ceux dont il peut détourner le sens, & le rendre applicable à ses anathèmes. Les censeurs, les comédiens sont en défaut ; ils n’ont pas prévu, ils n’ont pas pu prévoir ce qu’on feroit sortir de tel passage. Le public qui brûle de faire entendre sa voix, la manifeste dans tel hémistiche de Corneille, qui depuis cent-quarante ans portoit une physionomie innocente. Telle pauvre pièce est applaudie pour quatre vers commentés, avec des applaudissemens d’un quart d’heure. Le