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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/17

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n’est pas perdu ; il vous le revend dans de petits pâtés qui en sont plus succulens.

On donne deux sols pour la cuisson de ces pieces ; le petit bourgeois épargne pour dix sols de bois ; mais son rôti est sec, noir & presque toujours brûlé.

Sur les neuf heures du soir on voit, ou plutôt l’on sent les rôtis qui circulent dans les terrines. Des marmitons crasseux reposent le souper sur le coin de la borne, répandent un peu la sauce, & la piece brûlante arrive refroidie.

Il est toujours agréable d’avoir à sa porte une bonne poularde, un excellent chapon, qui n’attendent que votre signal pour passer à la broche & de là sur votre table. Par ce moyen l’ami qui vient vous visiter ne vous gêne jamais ; vous l’accueillez sans embarras. Il y a de maudits pays où avec de l’or vous n’avez ni volailles, ni pâtés succulens ; mais à Paris, douze cents cuisiniers sont du matin au soir à vos ordres ; en un clin d’œil vous êtes servi ; rien de plus commode, rien de