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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/186

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jusqu’à quatre heures ; une brusque décharge d’artillerie le réveille en sursaut ; elle tonne sur la Greve ; le canon de la Bastille lui répond ; son grabat tremble, la maison tremble, & son Tacite tombe de sa table écloppée. Il se leve à ce bruit ; des voix confuses percent à travers les ais mal-joints de son étroit domicile ; il ouvre sa porte, il entend

    prose ; ce qui fit dire à l’auteur dans son avertissement : c’est un tort irréparable que m’ont fait les rédacteurs de cette feuille quotidienne, car ils m’ont ravi la gloire d’être lu dans les cafés de la capitale, où se forme & s’étend la renommée de mes heureux rivaux, qui seront pensionnés peut-être tandis que je ne serai ni lu ni connu. Qui à ma place n’auroit pas un peu de mauvaise humeur contre les inflexibles auteurs du Journal de Paris, qui ont pris à tâche de rejeter mes productions, & de me fermer ainsi la carriere à l’immortalité ? J’en appelle au public, car je vois que je ne pourrai jamais obtenir trois lignes dans cet ingrat Journal de Paris qu’à l’article enterremens, moi qui étois si jaloux de figurer entre la hauteur de la riviere & le prix du foin & de l’avoine.