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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/187

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des femmes sur son pallier… Un prince est né d’hier !… Nous aurons des feux d’artifice. — Non, dit une autre, on mariera six cents filles. — Descendons, disoit la troisieme, on va répandre du vin dans la place, & faire sauter sur nos têtes des cervelats & des petits pains. — La plus jeune disoit, on dansera ce soir en place de Greve. — La cinquieme, est-ce qu’il n’y aura pas une amnistie, pour que je revoie mon frere le déserteur, qui est un si bel homme ? — Est-ce qu’on ne délivrera pas tous les prisonniers pour dettes ? disoit la derniere.

L’idée des fusées volantes, de la bombance grossiere, des violons aigres perchés sur des trétaux, des illuminations, le tintamarre des cloches ; voilà ce qui occasionoit leur joie désordonnée. Tout-à-coup entre une nouvelle commere, les poings sur les hanches, & qui crie : je l’ai vu, je l’ai vu. — Tu l’as vu ? — Oui. — Eh bien ? — Il pleure l’enfant royal ! il pleure !… Il pleure ! (reprit tout bas le philosophe) & rentrant à ces mots dans sa