Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 215 )

nés, & non des yeux qui aient l’expression du sentiment.

Lorsque les plumes flottoient sur les têtes de nos belles, c’étoit un coup-d’œil fort agréable que de contempler du haut de la terrasse des Tuileries tous ces panaches mobiles & ondoyans, qui brilloient parmi les flots de promeneurs.

Il n’est pas difficile d’y deviner les états. Ici un gros procureur foule pesamment la terre & brise la chaise sur laquelle il s’assied ; un abbé légérement penché sourit à propos, & sa face joyeuse & chérie annonce qu’il vit dans une molle & profonde indolence à l’appui d’un riche bénéfice. Une douairiere immobile paroît insensible à tout ce qui se passe autour d’elle. Ici l’on voit des visages étourdis ; là des fronts soucieux. L’un vient pour se reposer, l’autre pour se distraire d’un sombre désespoir.

On s’entasse quelquefois dans la partie la plus désagréable du jardin, & là les grouppes tumultueux qui vous piétinent sans miséri-