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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/258

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CHAPITRE CCCCXXXIII.

S’écrire aux Portes.


Le beau monde consacre quatre ou cinq heures deux ou trois fois la semaine à faire des visites. Les équipages courent toutes les rues de la ville & des fauxbourgs. Après bien des reculades, on s’arrête à vingt portes pour s’y faire écrire ; on paroît un quart-d’heure dans une demi-douzaine de maisons ; c’est le jour de la maréchale, de la présidente, de la duchesse ; il faut paroître au sallon, saluer, s’asseoir tour-à-tour sur le fauteuil vuide, & l’on croit sérieusement pouvoir cultiver la connoissance de cent soixante à quatre-vingt personnes.

Ces allées & venues dans Paris distinguent un homme du monde ; il fait tous les jours dix visites, cinq réelles & cinq en blanc ; & lorsqu’il a mené cette vie ambulante & oisive, il dit avoir rempli les plus importans devoirs de la société.