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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/264

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les où les atomes subtils, les corpuscules actifs abondent, & soulevant à chaque minute des corps nus, ont contracté le goût trop vif du plaisir & de la volupté, leurs jouissances ne sont-elles pas un foible dédommagement de leurs veilles, de leurs travaux, de leurs soins renaissans & pénibles ? Le rigorisme le plus outré peut-il s’empêcher lui-même de placer la charité à la tête des autres vertus ? Ces sœurs hospitalieres n’en sont que plus compatissantes lorsqu’elles s’attendrissent. Elles entendroient moins l’accent de la douleur, si leur ame étoit fermée à la voix du plaisir. La charité qu’elles exercent avec un courage infatigable, doit suffisamment expier des foiblesses que le lieu, l’âge, les fonctions, la solitude, l’occasion rendent presqu’inévitables.

Elles vivent sous les rideaux, tantôt d’un jeune homme pâle qui souffre & qui reprend bientôt ses couleurs, graces à leurs soins, tantôt près d’un vieillard qui leur rappelle un pere chéri. Elles voient tour-à-tour les scenes touchantes de la maladie, de la convalescence