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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/314

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Depuis que tout est renchéri, on ne donne plus qu’un coup à boire pour trois deniers ; ce qui fait que quelques bourgeoises économes partagent le gobelet en deux, moyen, adroit pour alléger l’écot.

Pourquoi boit-on à cette petite fontaine, dira l’étranger, au lieu de boire largement aux fontaines publiques ? Il en parle bien à son aise lui ! On ne boit pas aux fontaines publiques de Paris ; c’est la chose impossible ; point de bassin, un robinet très-bas, le plus souvent à sec, en voulant boire on se casseroit les dents contre le gouleau.

Ces vendeurs de tisanne arpentent le dimanche les Champs-Élisées & les boulevards, arrosant les bouches qui suffoquent de poussiere. Ils vuident leurs fontaines jusqu’à douze ou quinze fois de suite, & gagnent par jour jusqu’à sept francs dans les mois de l’été.

L’immobile paquet de réglisse n’abandonne jamais le fond de cette fontaine ; tourmenté par un choc perpétuel, il faut qu’il rende tous ses sucs. Ceux qui veulent avoir la vogue y