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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/315

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ajoutent quelques tranches de citron. Ceux-là on les distingue de loin ; ils sont plus fiers que les autres, & la plume de coq plus élevée voltige sur leur tête ; on les invite & ils font la sourde oreille.

Si le vendeur ment en criant à la fraîche, ce n’est pas de sa faute ; il marche le long du mur tant qu’il peut ; mais il y a loin de la riviere aux promenades publiques, & si les rayons du soleil ont fait bouillir l’eau de réglisse, il n’en peut mais. N’a-t-il pas ombragé sa tête d’un panache, comme pour mettre à l’ombre la boisson publique ? Peut-il affoiblir l’œil du jour, commander à la fraîcheur, donner une boisson à la glace pour trois deniers ?

En hiver il criera à la chaude, mais le métier ne vaudra plus rien, & le vendeur de tisanne appellant en vain le public sans soif, se fera dans son désespoir rapeur de tabac.

Cet abreuveur de populace altérée est quelquefois bel-esprit. Tandis que sa main distribue l’eau mousseuse, sa langue débite