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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/322

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assemblée de foux, grotesquement habillés, qui se rient aux nez & se moquent les uns des autres. Puis ces visages semblent dire : j’ai payé par orgueil pour être ici sur la toile ou en marbre. Toutes ces physionomies, que rien ne fait sortir du cercle vulgaire, méritent-elles cette distinction ? Elle ne devroit être accordée qu’aux personnes distinguées par leurs vertus, leurs talens ou par des services rendus à la patrie.

Que le pinceau se vende à l’oisive opulence, à la coquetterie minaudiere, à la fatuité hautaine, le portrait peut demeurer dans la salle ou dans le boudoir, mais qu’il ne vienne jamais affronter les regards du public dans un lieu que la nation accourt visiter ! Peut-on voir sur la même ligne le buste d’un guerrier illustre, d’un homme de génie & celui d’un garde-note ?

Pendant l’ouverture du sallon, il paroît une multitude de brochures que tracent tour-à-tour l’envieux, l’ignorant & l’amateur. Chacun alors a la manie de se connoître en pein-