Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 43 )

chaque jour ses cinq sens, jusqu’au plus haut degré de jouissance dont ils étoient susceptibles. Une table exquise, des parfums, les charmes de la musique & de la peinture ; enfin tout ce que l’art, aidé de la nature, peut créer d’enchanteur, flattoit successivement son goût, son odorat, ses oreilles & ses yeux. Quelque recherchés que fussent ces plaisirs, ceux du sixieme sens les surpassoient encore davantage. Dans un sallon superbe où il me conduisit, étoient six jeunes beautés, habillées d’une maniere extraordinaire, dont au premier coup-d’œil la figure ne me parut pas étrangere ; il me sembloit avoir déjà vu ces physionomies-là plus d’une fois, & j’allois les aborder en conséquence, lorsque M. B. souriant de mon erreur, m’en expliqua la cause. J’ai dans mes amours, me dit-il, un goût particulier ; la plus rare beauté de Circassie n’a aucun prix à mes yeux, si elle ne ressemble au portrait de quelque femme célebre des siecles passés ; & tandis