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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/80

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boivent le vin de la Romanée, ils examinent ce qu’il faut à un paysan pour vivre. Ils décident que trois sols par jour lui suffisent ; on accorde dix-sept sols aux bourgeois des villes. Monseigneur & ses adhérens ont décidé qu’au-delà c’est un vrai superflu.

Qui pourroit nombrer tous les mots de la nouvelle cuisine ; c’est un idiôme absolument neuf. Les Languedociens sont les meilleurs cuisiniers ; on leur donne le quadruple des appointemens d’un précepteur.

On ne mange pas le quart de ce qui est servi ; & ce n’est pas sans raison que les domestiques sont gros & gras ; ils font bien meilleure chere que l’ordre de la bourgeoisie ; ils le savent, ils en sont fiers. Le domestique d’un seigneur rencontrant un de ses camarades qui venoit d’écrire une lettre, & qui avoit encore sur sa veste un peu de poudre à mettre sur le papier, lui dit d’un ton avantageux : secoue donc cette poudre ; on te prendroit pour un commis.

Un sanglier à la crapaudine ! s’écrie-t-on.