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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/91

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CHAPITRE DCXVIII.

Sybarites.


Je te vois, jeune sybarite, je te vois sur un lit de fleurs ! Tu défends à tes bras le plus léger exercice ; tu défends à ta pensée la plus légere réflexion ; tu ne veux autour de toi que les plus riantes couleurs ; les travaux de tes esclaves doivent encore avoir des graces. Je ne t’envie pas tes jouissances ; je voudrais prolonger pour toi cet état heureux ; mais je redoute ce moment où la douleur viendra te saisir sur ton lit de roses. Ne la connoissant pas, son dard sera cent fois plus acéré. Je te plains ; tu n’as voulu ouvrir tes sens qu’aux voluptés ; tu n’as fait qu’ouvrir une porte plus large aux douleurs.

Mon imagination perce cet appartement reculé. Qu’y vois-je ? Une bibliothèque scandaleuse, des miniatures d’une lasciveté qui fait honte à la nature, voilà ce qui orne le