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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome X, 1788.djvu/8

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près un peuple affable, gai, spirituel, qui a tâché de regagner, dans la vie civile, les avantages qu’il n’a pu se procurer du côté politique, & qui souvent ne troqueroit pas son existence pour telle existence républicaine.

Mais l’avantage inappréciable, c’est que toutes les petites tyrannies de province viennent se perdre & s’anéantir à Paris ; ce n’est que dans cette capitale qu’il est permis d’être pauvre sans être méprisé. La gaieté publique distrait l’homme chagrin, & le foible s’y sent fortifié des forces de la multitude.

Que la France seroit puissante, & que la capitale seroit superbe & riche, si Louis XIV, au lieu d’avoir bâti son Versailles pour lui-même, avoit bâti à Paris pour son peuple !

On appelleroit Paris la ville des hommes. Elle auroit des arcades comme à Turin, & des trottoirs comme à Londres ; elle auroit des marchés vastes & spacieux, ombragés d’arbres, & divisés par grands compartimens ; on verroit aussi dans les rues, des