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Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/114

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3oo MERCVRE DE FRANCE— 16-xi-i 908 souris paysanne, une petite rate des champs normands aimant hon­ nêtement sonm ari beaucoup plus âgé qu ’elle, tout en pensantau m a­ rin parti à la mer pour y pêcher la morue. (Comme on entend ce soir la plainte des mouettes!) Le jeunepêcheur,cousin de Marine, revient mélancoliquement. Il est sans ami, sans amie, on l’accueille au foyer conjugal sans penser à mal et le mal arrive, selon l’usage. Les deux am oureux sombrent dans les bras l’ un de l ’autre, ensuite au fond de l’Océan qui efface leur faute. U y a de bons détails de mœurs v illa ­ geoises. Les Divins jongleurs, par A. Bailly. Le divin roman de François d’Assise qui, jeune homme fortuué, doué de tous les meil­ leurs dons de ce monde, abandonna fam ille, fortune et honneurs pour courir les chemins pieds nus, suivi des foules illuminées par les ’ rayons de sa tendresse, un peu aussi par la beauté de son visage, car il y a toujours de l’amour dans une foule montant vers lejeune mâle gracieux qui la domine. Le pauvre jongleur pleure sur l’ordre qu’il a fondé et qu’ il voudrait plus proche de son humilité; il protège deux enfants qui s’aiment et leur permet l ’amour profane après les avoir déliés de leurs serments ; il parle aux animaux comme à ses frères; il soulève tous les poids humains etse joue de toutes les difficultés de la vie terrestre, parcequ’il est soulevé lui-même par une force inconnue aux mortels. Les paysages à la fois brûlés par le soleil et cette sorte de fièvre intérieure qui les fait voir surnaturels sont bien peints, en manière de fond d’or nimbant le saint vêtu desombre bure. Pimprânette, par Willy. Vers la fin de ce livre, on trouvera un joyeu x plaidoyer en l ’honneur de la légèreté du costume, lequel plai­ doyer nousprouvera que W illy (qui a maintenant de la barbe au men­ ton) est très capable de g ag n er les plus mauvaises causes, y compris la sienne. Il est certain que W illy, avec ou sans barbe, est incorrigi­ ble. Il n ’aperçoit, dans la vie quotidienne, que des petites femmes court vêtues et longuement coiffées ; mais est-ce bien sa faute ? Pimprenette, devant un aéropage d ’Europe, représente l’esprit pari sien, c ’est-à -dire un petit trottin seulement vêtu d’ un carton à cha­ peau, et alors il est facile de prouver qu’il porte le monde entier dans sa tête, vu la grandeur du carton à chapeau... et l’honneur est sauf. M a Grande, par Paul Margueritte. En lisant ce joli roman de l’intimité d’un frère et d’une sœur, je pensais au cri sincère de Poil de C arotte: « Tout le monde ne peut pas naître orphelin. » Le héros de cette histoire, un homme doux, impose la présence de la grande sœur acariâtre à la jeune femme qu’il aime et il en résulte les pires ennuis. M oralité : il faut fuir ses parents, surtout quand ils vous adorent, et les tenir à distance dans leur propre intérêt ! C ’est d’ail­ leurs finement expliqué avec toute la délicatesse désirable entre gens