Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/184

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MERCVRE DE FRANCE— j6-xi - i 9o8 mais aussi de foi ardente et d’amour généreux, et tout débordant de belle santé, constitue le fait le plus saillant de xKtre littérature de la dernière année. Nous y reviendrons à loisir. Faute de place nous devons remettre aussi l’an alyse de la si ori­ ginale étude sur Guy de Maupassant, par Is. Querido. Outre qu ’elle contient su r votre admirable conteur, sur son tempérament et son «double sensualisme» des pages telles que nul autre chez nous ne serait capable d’en écrire, elle place Maupassant sous un jo ur tout nouveau, que jusqu’à présent aucun critique n’avait entrevu, pas plus en France qu’ailleurs. Depuis les Jeux d,’été, dont je vous ai parlé l’an dernier, l’action réformatrice se continue aussi au théâtre, grâce aux efforts énergi­ ques de deux acteurs très intelligents et d’un haut goût artistique, MM. Willem Royaards et Eduard Verkade, qui travaillent séparément au même but, qu’on peut résumer d’un mot : créer l’harmonie la plus complète entre le drame, les costumes et les décors. Déjà ils ont obtenu ainsi de forts beaux résultats, et c ’est un plaisir exquis de vo ir une pièce montée par eux. Ajoutons que leur bonne influence commence à se faire sentir un peu partout et que le public aussi, guidé par la critique, sait apprécier leurs efforts. Parmi les représentations dramatiques remarquables auxquelles il nous a été donné d’assister dans la saison commencée depuis peu, signalons d’abord celle donnée par «Het Tooneel »,sous la direction de M. Royaards, de la tragédie Adam in Ballingschap (Adam en exil) de notre V ond el(i). Elle nous a prouvé de nouveau l’excel­ lent acteur et surtout l’admirable régisseur qu ’est M. Royaards. Comme il a su charmer nos yeux et caresser tous nos sens 1 Malheu­ reusement, cette représentation m ’a prouvé aussi de façon définitive que, si Vondel est un très gran d poète lyrique et lyrico-épique, il n ’est qu’un médiocre poète dramatique. Aussi je doute que, en dépit de plusieurs représentations successives vivement applaudies, la pièce se maintienne longtemps à la scène.La tentative de M .Royaards n’en demeure pas moins louable. A défaut de vive émotion dramati­ que, il nous a procuré une haute jouissance esthétique, à quoi, du reste, a contribué pour une bonne part Mme Royaards, qui a déli­ cieusement tenu le rôle d’Eve. La représentation de H a m let, dans la traduction de M. Jac. van Looy, a valu coup sur coup un succès très mérité aux « Hagespelers’» et surtout à leur jeune directeur, M. Eduard Verkade. Plus que le jeu (i) Remarquons que cette Tragédie des Tragédies, comme l’appela son auteur, n’avait jamais été représentée jusqu’ici* Il faut savoir gré à M. Royaards d’avoir eu le premier ce courage.